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Enfin consacré, à l’âge de 74 ans et après une vingtaine de longs métrages : samedi 7 septembre, le jury de la Mostra de Venise, présidé par Isabelle Huppert, a décidé de remettre le Lion d’or à Pedro Almodovar pour The Room Next Door.
Tourné pour la première fois en anglais, et porté par les actrices Julianne Moore et Tilda Swinton, ce drame suit les retrouvailles de deux amies, l’une romancière, l’autre reporter de guerre, sur fond de maladie. Triste ironie du sort, le personnage de Tilda Swinton est atteint d’un cancer incurable et décide d’organiser sa mort en trouvant la pilule adéquate sur le dark Web.On retrouve dans ce film les préoccupations crépusculaires que le cinéaste espagnol a déjà déployées notamment dans Douleur et Gloire (2019). Sur un sujet aussi grave, le tandem de comédiennes réussit à insuffler une atmosphère tendre jamais morbide, parfois même rehaussée d’une certaine drôlerie. Pour autant, le film conserve ce classicisme et cette image léchée qui laissent parfois à distance – ainsi le flash-back montrant la reporter sur le terrain en Irak est assez invraisemblable.
Le Lion d’argent, Grand Prix du Jury, a récompensé un autre drame, pastoral celui-là, Vermiglio, de l’Italienne Maura Delpero : pendant la seconde guerre mondiale, le récit suit le quotidien d’une famille nombreuse, dans un village perché dans les montagnes italiennes, qui accueille avec plus ou moins de bienveillance deux déserteurs. La caméra se concentre sur les faits et gestes de la fratrie, notamment les sœurs, dont les désirs d’indépendance ne seront pas tous exaucés. Délicat, scrutant les émois sexuels des deux aînées, et la culpabilité qui va avec, Vermiglio souffre des limites de son propre programme, celles d’un film à sujet sur l’émancipation, dont on devine les ressorts dès les premiers plans.
Le prix de la meilleure réalisation est allé à The Brutalist, de l’acteur et réalisateur américain Brady Corbet, une grande fresque en deux parties (plus de trois heures) retraçant la vie de l’architecte Laszlo Toh : juif né en Hongrie et survivant d’un camp de concentration, il tente de refaire sa vie à New-York. Le film suit les hauts et les bas de ce rêve américain, lequel ressemblera quelque temps à un conte de fées lorsqu’un riche propriétaire le prend sous son aile avec sa famille, lui confiant un vaste projet de construction. La descente, elle, sera amère. L’épopée a du souffle mais son esthétique n’échappe pas à la grandiloquence, de même que l’interprétation exubérante d’Adrien Brody, qui peut lasser.
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